Avec le soutien de nos partenaires

Accoucher 
en temps de pandémie 
faiblesses et résiliences 
des maternités en France

Le projet

La pandémie de Covid-19 a obligé à réorganiser les soins y compris dans les maternités. Elle a fait réémerger les polémiques sur les violences obstétricales avec la dénonciation de deux pratiques observées pendant l’accouchement dans certains établissements : l’imposition du port du masque et le refus de permettre aux femmes d’être accompagnées. Ce projet a étudié la réorganisation des maternités depuis le début de la pandémie, ainsi que les expériences des soignant.es et des femmes. Nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès de femmes (n=55) et de professionnel·les de santé (n=34) afin de comprendre leurs vécus. Le recrutement s'est fait avec deux grands hôpitaux publics parisiens (Hôpital Necker et CHI Poissy Saint-Germain) en Ile de France (n=54) et dans deux structures de santé (maison de naissance MaNaO et Centre Hospitalier de l'Ouest Réunion - CHOR) à La Réunion (n=35).

Le projet Mater-Covid19 souhaitait initialement se concentrer sur l’accouchement mais la démarche inductive adoptée tout au long du projet nous a permis de considérer l’expérience de la maternité en temps de Covid de façon plus large et plus globale, en documentant les vécus des femmes de la grossesse au postpartum. Nos principaux résultats décrivent des vécus très contrastés chez les soignant.es, entre peur et excitation, ainsi qu’un « flou » dans les directives nationales et locales (au sein des hôpitaux) qui a été amplificateur d’angoisses chez les soignant.es mais aussi chez les femmes. Cette recherche a aussi montré une grande solitude des femmes, avec un continuum de solitude et des ruptures sociales successives : annulation des séances d’accompagnement à la naissance et à la parentalité, absence de reconnaissance du statut social de « femme enceinte », absence de conjoint.e pendant le pré travail et/ou à l’accouchement, « descente aux enfers » décrite dans le post-partum.

De façon plus générale, la pandémie a exacerbé les expériences (négatives ou positives) des femmes ayant accouché en structure hospitalière ou en maison de naissance. Le volet mené dans la maison de naissance suggère que celle-ci puisse être considérée comme « une bulle sans covid ». En effet, parmi les femmes ayant accouché dans la maison de naissance MaNaO, la majorité a mentionné que cette structure semblait préservée des effets négatifs de la pandémie. Malgré des adaptations marginales des locaux, toutes les femmes ont pu y accoucher avec leur conjoint et le retour précoce (3 heures après l’accouchement) à domicile a permis de maintenir les liens avec le père et les éventuels autres enfants. Enfin, concernant les violences obstétricales, nos travaux ont montré que cette polémique a surajouté au mal-être de certain.es soignant.es  le port du masque et les restrictions d’accompagnement en salles de naissances (décrites comme des violences obstétricales sur les réseaux sociaux) ont été très craintes par de nombreuses femmes mais finalement peu vécues (deux femmes de notre étude ont accouché seules).

Virginie Rozée
Virginie Rozée
Clémence Schantz
Clémence Schantz

Les partenaires

Une des particularités de ce projet est de regrouper à la fois des chercheures en sciences sociales, une association de femmes (Ciane) et des professionnel.les de santé (psychologue, sages-femmes et médecins). Nous espérons que cette intersectorialité (secteur académique, secteur hospitalier et société civile) permettra à notre étude d’être plus proche de la réalité des femmes et des soignant.es. Nous espérons aussi que les femmes et soignant.es pourront plus facilement s’emparer des connaissances que nous allons produire ensemble.

Les partenaires scientifiques du projet sont :

Dounia Boujahma, sage-femme coordinatrice, MaNaO (Maison de naissance, La Réunion)
Anne Evrard, Vice-présidente du Collectif inter associatif autour de la naissance (CIANE)
Sophie Guillaume, sage-femme coordinatrice en maïeutique, Hôpital Necker, AP-HP
Dolorès Pourette, anthropologue, IRD, Ceped
Patrick Rozenberg, gynécologue obstétricien, PU PH, CHI Poissy Saint-Germain-en Laye
Yves Ville, gynécologue obstétricien, PU PH, Hôpital Necker, AP-HP

Quatre maternités sont partenaires du projet :

Assistance publique, Hôpitaux de Paris, Necker enfants malades, Hôpital universitaire
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Poissy - Saint-Germain-en-Laye, Centre Hospitalier Intercommunal
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Manao, Maison de naissance de l'Ouest
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Centre Hospitalier Ouest Reunion
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Les données

Au total, nous avons réalisé 43 entretiens avec des femmes ayant accouché dans les trois maternités hospitalières (34 en IDF et 9 à La Réunion). Les femmes ont été interrogées entre 4 mois et 24 mois après leur accouchement (ce qui leur permet d’avoir un certain recul dans leur récit). Elles avaient, lors de l’accouchement, entre 27 ans et 44 ans. Elles étaient toutes cisgenres, en couple (en union, pacsées ou mariées) avec un homme (n=42), et dans un cas avec une femme (n=1). Le recrutement dans des maternités publiques nous a permis de recueillir les récits d’une population diversifiée en termes de professions et d’emplois (avocates, cadres, cheffe de projet, employée du BTP, assistantes de ressources humains, femmes au foyer, etc.) et d’origines socio-culturelles : certaines femmes ayant accouché en IDF venaient d’Europe du Sud, d’Amérique latine ou d’Asie  à la Réunion, la moitié des femmes interrogées venaient de métropole, l’autre était originaire de l’Ile. La plupart des femmes interrogées ont accouché lors de la 1ère période de l’étude (n=26/43). Près de la moitié des femmes étaient primipares  les autres avaient entre 1 et 6 enfants. Certaines ont accouché de jumeaux·elles  d’autres ont accouché deux fois pendant le Covid  d’autres encore étaient de nouveau enceintes lors de l’entretien. Les grossesses ont été décrites comme planifiées, certaines issues d’une procréation médicalement assistée  d’autres ont été décrites comme imprévues mais toujours comme désirées. La modalité des accouchements étaient diverses : accouchements physiologiques, accouchements déclenchés, césariennes (programmées ou en urgence), accouchements instrumentaux (ventouse, forceps). Certaines femmes ont mentionné avoir eu une épisiotomie ou de l’expression abdominale. Une seule des femmes de l’étude a été identifiée comme ayant accouché en étant positive à la Covid.

Nous avons également réalisé 12 entretiens en présentiel avec des femmes ayant accouché ou réalisé leur travail d’accouchement à la maison de naissance MaNaO. Ces femmes étaient âgées de 29 à 42 ans. Toutes ces femmes étaient en couple hétérosexuel. Elles étaient nombreuses à travailler dans le domaine de la santé et du bien-être (médecin, doula, psychologue, infirmière, éducatrice spécialisée, ostéo, kiné, assistante dentaire, coach en développement personnel, auxiliaire puéricultrice), les autres travaillaient dans le BTP ou les ressources humaines.

Concernant les professionnel.es de santé, nous avons mené 34 entretiens semi-directifs auprès de sages-femmes (n=26) et gynécologues obstétricien.es (n=8) en Ile de France (n=20) et à la Réunion (n=14). Ils et elles étaient âgées de 24 à 58 ans. Vingt entretiens ont été menés en distanciel  quatorze entretiens en présentiel.

Les objectifs de l'étude

Nous souhaitons avant tout rendre visibles les conditions dans lesquelles les femmes ont accouché au cours de la pandémie, mais aussi les conditions dans lesquelles les soignant.es ont exercé leur métier. À partir des entretiens, nous avons documenté les expériences et vécus des femmes et des professionnel.les de santé. Nous souhaitons ainsi souligner ce qui a été fait de positif au cours de ces derniers mois mais également les éléments plus difficiles.
Ce travail permettra d’apprendre de nos erreurs, de guider les politiques et de contribuer ainsi (nous l’espérons) à améliorer les conditions d’accouchement dans les maternités françaises.

Les résultats

Articles

Schantz Clémence, Tiet Mordjane, Evrard Anne, Guillaume Sophie, Boujahma Dounia, Quentin Bérénice, Pourette Dolorès et Virginie Rozée, 2023.
A strong capacity to face the shock of the health crisis: MaNaO, a midwife-led birthing centre in France ». Midwifery: Consultez l'article


Rozée Virginie, et Schantz Clémence, 2023,
« Accoucher pendant la pandémie du Covid-19 en France: d’un «tout s’est bien passé» au sentiment d’une maternité volée ».
Sciences sociales et santé 41 (4): 43-70 : Consultez l'article


Dans The Conversation: Consultez l'article


Mémoires de Master

  • Boileau Laurine,
    2022, « Entre injonctions maternelles et engagement personnel : le récit des femmes ayant accouché pendant le Covid en France »,
    Mémoire de Master 2, EHESS, Paris


  • Tiet Mordjane,
    2022, « MaNaO, une bulle sans covid ? Etude sur la réorganisation des soins pendant la crise de Covid-19 dans une maison de naissance à La Réunion »,
    Mémoire de Master 2, Université Paris Cité


  • Turpault Noémie,
    2022, « Accoucher en temps de pandémie : subjectivité du vécu de l’accouchement et résurgence des polémiques sur les violences obstétricales »,
    Mémoire de Master 2, Université Paris Cité


Communications dans les événements scientifiques internationaux

  • Schantz Clémence et Virginie Rozée,
    « Turbulences, résistances et résiliences dans les maternités françaises »,
    Colloque international « Accoucher en temps de pandémie »,
    08 juin 2022, Campus Condorcet (France)


  • Boileau Laurine,
    « L’injonction au silence des femmes qui ont accouché pendant la pandémie »,
    Colloque international « Accoucher en temps de pandémie »,
    08 juin 2022, Campus Condorcet (France)


  • Tiet Mordjane,
    « Les maisons de naissance pendant la Covid-19 : étude de cas à MaNaO »,
    Colloque international « Accoucher en temps de pandémie »,
    08 juin 2022, Campus Condorcet (France)


  • Turpault Noémie,
    « Accoucher en temps de pandémie de la Covid 19 : un contexte sanitaire à risque de violences obstétricales ? »,
    Colloque international « Accoucher en temps de pandémie »,
    08 juin 2022, Campus Condorcet (France)


Communications dans des journées d’études et séminaires

  • Clémence Schantz et Virginie Rozée,
    « Turbulences dans les maternités françaises : vécus des accouchements pendant la pandémie de Covid 19 »,
    Séminaire du Ceped, 16 février 2023, Paris


  • Boileau Laurine,
    « La prise en charge de la naissance pendant la pandémie de Covid-19 en Ile-de-France : le renforcement des injonctions maternelles »,
    Séminaire de recherche de l’unité « santé et droits sexuels et reproductifs »,
    Ined, Aubervilliers, 16 juin 2022


  • Boileau Laurine,
    « La place des injonctions maternelles dans les récits des femmes qui ont accouché pendant le Covid en France métropolitaine »,
    Journée de restitution de la recherche Mater-Covid19,
    Parc Technologique et Universitaire, Saint-Denis, La Réunion, 12 mai 2022


  • Boileau Laurine et Virginie Rozée,
    « Accoucher pendant la pandémie du Covid-19 en France : l’expérience d’une maternité privée, féminine et essentialisée »,
    Journée d’Etude RePPaMa- Naissances : De la procréation aux premiers mois de vie,
    07 décembre 2022, Journée d'étude, Centre de colloques, Aubervilliers


  • Ferrere Maurane et Clémence Schantz,
    « Entre ‘excitation’ et ‘peur’ : vécus de soignant.es en maternité pendant la pandémie en France »,
    Journée de restitution de la recherche Mater-Covid19,
    Parc Technologique et Universitaire, Saint-Denis, La Réunion, 12 mai 2022


  • Leclaire Margaux,
    « Accoucher dans l’ouest réunionnais : le CHOR et MaNaO, deux entités liées »,
    Journée de restitution de la recherche Mater-Covid19,
    Parc Technologique et Universitaire, Saint-Denis, La Réunion, 12 mai 2022


  • Rozée Virginie et Clémence Schantz,
    « Les représentations de l’accouchement en France (en métropole et à la Réunion) : ce que révèle la réorganisation des soins en obstétrique pendant la crise du COVID-19 »,
    Journée d’Etude Santé sexuelle et reproductive face aux crises : perspectives internationales,
    14 juin 2022, Campus Condorcet, Aubervilliers


  • Rozée Virginie,
    « Accoucher en temps de pandémie en Ile de France : récits de femmes »,
    Journée de restitution de la recherche Mater-Covid19,
    Parc Technologique et Universitaire, Saint-Denis, La Réunion, 12 mai 2022


  • Schantz Clémence et Virginie Rozée,
    « Vécus de soignant.es et de femmes dans les maternités françaises lors de la crise sanitaire due à la Covid-19 : des expériences contrastées »,
    Séminaire du Ceped,
    16 février 2023


  • Schantz Clémence,
    « Encapacitation ou dépossession ? l’expérience de l’accouchement en France »,
    Journée de restitution de la recherche Mater-Covid19,
    Parc Technologique et Universitaire, Saint-Denis, La Réunion, 12 mai 2022


  • Schantz Clémence,
    Présentation du projet de recherche Mater-Covid19 lors du séminaire scientifique de l’IRD-La Réunion,
    11 mars 2022 amphithéâtre SEAS-OI à Saint-Pierre, La Réunion


  • Tiet Mordjane,
    « La gestion de la grossesse pendant la pandémie : focus sur les maisons de naissance »,
    Journée de restitution de la recherche Mater-Covid19,
    Parc Technologique et Universitaire, Saint-Denis, La Réunion, 12 mai 2022


  • Turpault Noémie,
    « Violences obstétricales ou maltraitances lors de l’accouchement ? Débats parmi les soignant.es et au sein même de la communauté scientifique »,
    Journée de restitution de la recherche Mater-Covid19,
    Parc Technologique et Universitaire, Saint-Denis, La Réunion, 12 mai 2022


Articles de presse, notamment de presse locale de La Réunion, et présentation dans un média local de La Réunion sur le projet :